samedi 31 janvier 2009

EGON KRAGEL - GO-GO DANCER

Extrait du journal "Harmonies".
Un merci particulier à Laurent Calut.

jeudi 29 janvier 2009

ET CE SONT DES AUTOMNES...

Et ce sont des automnes
Aux jours froissés de pluie,
Aux larmes qui résonnent
Sur des sols nus et gris.

Des ombres monotones,
Poussives et qui s’ennuient.
Et des nuits qui frissonnent
Jusqu’au matin pâli.

Et quand le vent fredonne
Sa sombre mélodie,
Mes souvenirs s’assomment,
Sans espoir d’embellie.

Et ce sont des automnes,
Les longs jours de ma vie,
Des chemins sans personne
Sous des branches jaunies.


Texte et photo : Egon Kragel

JOSE MAURO DE VASCONCELOS


Il en est des livres comme de certaines amitiés. Une rencontre fortuite et votre vie s’en trouve irrémédiablement changée. “Mon Bel Oranger” fait partie de ces rares ouvrages qui - sans effets de manche ni tapageuse hâblerie -, vous prennent là, au cœur, pour ne plus jamais vous lâcher.

Inoubliable Zézé : gamin déshérité du Brésil qui, travaillé par une soif inextinguible d’amour, expérimente la difficulté, la violence et enfin le bonheur d’exister. Cousin exotique du petit Rémi de “Sans Famille”, Zézé triomphera de la pauvreté, de l’injustice et du chagrin par le rêve, improvisant d’une façon savoureuse un univers à sa mesure, dialoguant avec les objets, les plantes, les animaux...

Né à Bangú (Rio de Janeiro) en 1920 d’une mère amérindienne (Pinagé) et d’un père portugais, José Mauro de Vasconcelos signait en 1968 ce petit joyau hautement autobiographique, s’imposant comme l’un des écrivains majeurs du Brésil. “J’ai porté ce livre en moi pendant 20 ans... et je l’ai rédigé en 12 jours !” Un absolu chef d’œuvre !
José Mauro de Vasconcelos est décédé le 25 juillet 1984 à São Paulo.

ALFONSINA STORNI

Alfonsina Storni, poètesse du postmodernisme argentin, naquit en Suisse le 29 mai 1892 et mit tragiquement fin à ses jours, le 25 octobre 1938, à Mar del Plata, Argentine (voir poème “Je vais dormir”).

PRESSENTIMENT

J’ai le pressentiment qu’il me reste peu de temps.
Cette tête qui est la mienne est comme une lampe-tempête
Qui brille et qui s’éteint.
Mais sans une plainte, sans la moindre terreur,
Pour disparaître, je veux qu’un soir très clair
Se couche le soleil si limpide
Et que d’un haut jasmin, une vipère blanche
Surgisse et doucement me morde droit au cœur.


EFFACÉE

Le jour où je mourrai, la nouvelle
Suivra les pratiques d’usage.
Et aussitôt, de bureau en bureau,
Sur les pages des registres, on cherchera mon nom.

Et là-bas, loin, dans un petit village
Qui dort à poings fermés au soleil des montagnes,
Sur mon nom, dans un très vieux registre,
Une main anonyme tracera une croix.


CELLE QUI COMPREND

Avec sa tête brune qu’elle incline lourdement,
Elle est belle, cette femme entre deux âges,
Agenouillée, et un Christ à l’agonie
Du haut de sa croix dure la considère avec bonté.

Dans ses yeux, il met une immense tristesse,
Dans son sein, il met un fils à naître,
Au pied du Christ ensanglanté et blanc, elle prie :
- Seigneur, faites que mon enfant ne soit pas une fille !


JE VAIS DORMIR

Dents de fleurs, coiffe de rosée,
mains d’herbe, toi ma douce nourrice,
prépare les draps de terre
et l’édredon sarclé de mousse.

Je vais dormir, ma nourrice, berce-moi.
Pose une lampe à mon chevet;
une constellation, celle qui te plaît;
elles sont toutes belles : baisse-la un peu.

Laisse-moi seule : écoute se rompre les bourgeons...
un pied celeste te berce de tout là-haut
et un oiseau esquisse quelques voltes

pour que tu puisses oublier... Merci. Ah, une dernière chose :
s’il venait à me téléphoner
dis-lui qu’il n’insiste pas et que je suis sortie...

(Il s’agit là du “testament poétique” d’Alfonsina Storni. Ce poème, rédigé 3 jours avant son suicide, fut publié dans le quotidien “La Nacion” comme avis de décès. Le 25 octobre 1938, à Mar del Plata - une station balnéaire au sud de Buenos Aires -, Alfonsina marcha loin dans la mer et disparut. Quelques jours plus tard, lorsque les vagues ramenèrent son corps sur le rivage, quelques témoins rapportèrent que la jeune femme souriait...)

Traductions : Egon Kragel
Photo : Egon Kragel

vendredi 16 janvier 2009

MAURICE CARÊME

Je me souviens...

Le hameau s'éveillait
Dans la fraîche dentelle
De ses pommiers en fleurs.

Les tasses sur la nappe
Riaient, et les moineaux
Attendaient sur le seuil.

L'aube, dans tes cheveux,
Mettait de la lumière,
Et tu coupais le pain
Avec des mains si simples,
Avec des mains si bonnes

Que le grand Dieu d'érable
Descendait de sa croix
Et s'asseyait à table
Pour manger avec nous.


Texte : Maurice Carême
Photo : Egon Kragel

HAIKU


HAIKU



Ni le rire du carillon,
Ni l’ongle de l’an qui passe
Ne sauraient troubler l’étang
En prière sur son miroir.




(Pour Marie - Octobre 2003)




Texte et photo Egon Kragel

PROVERBES AMERINDIENS


SAGESSE...

"L'âme n'aurait pas d'arc-en-ciel si les yeux n'avaient pas de larmes."
(Minquass)

"Nous nous situons quelque part entre la montagne et la fourmi."
(Onondaga)

"La plus grande force qui soit est la gentillesse."
(Iroquois)

"Pas de réponse est également une réponse."
(Hopis)

"La grenouille ne boit pas la mare dans laquelle elle vit."
(Sioux)

"En 24 heures, un pou peut devenir un patriarche."
(Seneca)