LE VIVANT...

"S'il est pour l'humanité, un péché capital, c'est bien celui de nier sa part d'animalité et d'ignorer sa solidarité fondamentale avec le reste du Vivant."

Jean-François Bouvet (Le Péché, la bête et l'homme, 2003)

Texte : Jean-François Bouvet

Photo : Egon Kragel

L'ÂME DE LA CITÉ

Est-ce l'irrévérence des vitrines aux couleurs crues ?

Est-ce la moue solitaire d'un conscrit de plastique ?

Est-ce l'âme de la cité ?

Texte et photo : Egon Kragel

À SÉOUL…

S'effarouche le silence.

Dépecé à son aise par la piété des croches.

S'effarouche ton absence.

Lorsqu'un dernier arpège, comme une floche de brume, s'effrange entre ses doigts.

À Séoul. Loin de toi.

Texte et photo : Egon Kragel

LE CHAT ET LE SOLEIL

Le chat ouvrit les yeux,

Le soleil y entra.

Le chat ferma les yeux,

Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir,

Quand le chat se réveille,

J'aperçois dans le noir

Deux morceaux de soleil.

MAURICE CARÊME

Texte : Maurice Carême

Photo : Egon Kragel

UNE VÉRITÉ

Est-ce là une vérité où il est donné de se connaître ?

Ce reflet vif et souple. Ce clair-obscur où blondissent des coulées de soleil.

Et pourtant il n'est pas un seul parmi nous qui conteste la force de sa duperie.

Texte et photo : Egon Kragel

CHAUVES-SOURIS

Grappes de velours, palpitantes, accrochées à la roche. 

Et quand le jour décroît, un corps multiple explose en étincelles de joie. 

On contemple alors, en amitié avec le ciel, la beauté incompréhensible du monde.

Texte et photo : Egon Kragel

UN LUXE CONFORTABLE

Je ne peux me tenir de croire en d'autres nuits. D'autres nuits près de toi.

Qu'on m'ordonne un long rêve. Je saurai me séparer d'un monde où tu n'es pas.

Et je n'aurai alors - quel luxe confortable ! -, que la force d'aimer.
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Texte et photo : Egon Kragel

MOBY DICK

C'est du Septentrion, où floconne l'océan, que voyage mon rêve.

Baleine de vagues claires. Hydre d'écume au front de pierre.

Un peu tout à la fois, l'espoir et la misère.

Et l'ombre des hauts-fonds où mon enfance intacte s'attarde d'une prière.
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Texte et photo : Egon Kragel

J'EXISTE

Le coefficient abusif des marées. Le cri d'un oiseau sur la friche.

La fraîcheur de ton rire, comme une verdure humide.

C'est à peine assez dire que j'existe.

Texte et photo : Egon Kragel

LA VIE TÂTONNE

Nous passons par des formes innombrables. La vie tâtonne, durcissant ses allonges.

Du berceau au linceul, les jours rendent aux ténèbres nos innocences, nos rancoeurs.

Il faut un peu d'effroi pour supporter tout ça.

Texte et photo : Egon Kragel

NOS PAS...

Où vont mes pas sur le sentier ? Où vont nos pas dans l'escalier ?

Se suspendant à se toucher, ils vont et viennent, vite effacés.

C'est encore loin le bout du monde ?

Texte et photo : Egon Kragel

PRIÈRE DU JOUR

La souple brutalité d'un ciel qui nous  égare.

Son cri étroit, serré, comme une voix d'avant la mue.

Les dieux immobiles ont un balancement secret qu'on ne voit pas.

C'est pourquoi je pélerine, le coeur lourd de prières, au gré de mes pas d'autrefois.

Texte et photo : Egon Kragel

LA BÊTE

Sensuel avec brutalité. Terrifiant sans mesure. Ce qu'on disait de lui. 

Il étouffait la force de son cri. Et le ciel, tout ému, en tremblait.

Ce sont ceux qui le jugent qui - dérangeant les lois élémentaires de l'ordre -, font de la monstruosité.

Texte et photo : Egon Kragel 

LES RÊVES D'UNE FONTAINE

Elle coule, effaçant nos mémoires, pleurant ses rêves au fil de l'eau. 

Qui ne s'affole de ses sanglots?

Texte et photo : Egon Kragel