jeudi 26 février 2009
LETTRE A UN PERE MORT de RICHARD SHELTON
Cinq années ont passé depuis que tu es mort et je suis
bien mieux que je ne l’étais de ton vivant.
Ces années n’ont pas été vaines.
J’ai entendu les voix rudes
des oiseaux du désert qui ne savent pas chanter.
Parfois, je touche cette membrane
entre violence et désir
et je la regarde vibrer.
J’ai appris qu’un homme
qui tourne en rond pour voyager
n’arrive jamais vraiment au même endroit.
Si tu pouvais me voir aujourd’hui
côtoyant le triomphe, le désastre,
espérant toujours que tu dises : mon fils, mon fils bien aimé. Si seulement tu pouvais me voir,
tu saurais que j’ai grandi en force.
La mort a été le pire subterfuge que tu aies choisi
mais elle est permanente.
Ne vois-tu pas que les pères
qui ne peuvent pas aimer leurs fils
ont des fils incapables d’aimer ?
Ce n’était pas ta faute
ce n’était pas la mienne. J’avais besoin
de ton amour, mais sans lui je guérirai.
Désormais, je n’ai plus besoin de rien.
Texte : Richard Shelton © 1975
Traduction et photo : Egon Kragel
bien mieux que je ne l’étais de ton vivant.
Ces années n’ont pas été vaines.
J’ai entendu les voix rudes
des oiseaux du désert qui ne savent pas chanter.
Parfois, je touche cette membrane
entre violence et désir
et je la regarde vibrer.
J’ai appris qu’un homme
qui tourne en rond pour voyager
n’arrive jamais vraiment au même endroit.
Si tu pouvais me voir aujourd’hui
côtoyant le triomphe, le désastre,
espérant toujours que tu dises : mon fils, mon fils bien aimé. Si seulement tu pouvais me voir,
tu saurais que j’ai grandi en force.
La mort a été le pire subterfuge que tu aies choisi
mais elle est permanente.
Ne vois-tu pas que les pères
qui ne peuvent pas aimer leurs fils
ont des fils incapables d’aimer ?
Ce n’était pas ta faute
ce n’était pas la mienne. J’avais besoin
de ton amour, mais sans lui je guérirai.
Désormais, je n’ai plus besoin de rien.
Texte : Richard Shelton © 1975
Traduction et photo : Egon Kragel
lundi 23 février 2009
PHILIPPE PETIT GOES TO HOLLYWOOD
C'est un jour de joie, de rêves en équilibre !
Le documentaire "Le Funambule" (Man On Wire), réalisé par James Marsh et relatant le "crime artistique du siècle" - Philippe Petit dansant en 1974 sur un câble tendu illégalement entre les tours jumelles du World Trade Center - vient de raffler l'Oscar du meilleur documentaire.
C'est à force de rêves que ce monde s'annoblit.
Le documentaire "Le Funambule" (Man On Wire), réalisé par James Marsh et relatant le "crime artistique du siècle" - Philippe Petit dansant en 1974 sur un câble tendu illégalement entre les tours jumelles du World Trade Center - vient de raffler l'Oscar du meilleur documentaire.
C'est à force de rêves que ce monde s'annoblit.
mercredi 18 février 2009
PROVENCE
samedi 14 février 2009
jeudi 12 février 2009
PHILIPPE PETIT - LE FUNAMBULE
Conversation aujourd'hui avec un homme-oiseau, poète, arpenteur de ciels et croqueur de nuages : Philippe Petit. J'emporte ses paroles pour longtemps. Tout y est donné, offert. Je garde leur chaleur, leur lumière, au chaud de moi.
Philippe Petit : Mon copain Werner Herzog vient d’écrire un livre de pensées qui s’appelle La conquête de l’inutile. Et il a noté, en exergue de mon livre Traité du funambulisme : « Philippe est un conquistador de l’inutile ». C’est pour moi le plus grand des compliments, d’autant plus qu’il vient de ce frère complètement fou qu'est Werner. Je pense que l’ « Inutile », avec un I majuscule, est ce qu’il y a de plus important. On traîne nos savates et on ne se rend pas compte des merveilles qui nous entourent. Faire des choses inutiles, rêver, c’est grandiose. L’inutilité est ce qu’il y a de plus beau. Il devrait y avoir des cours sur l’inutilité dans nos écoles. Je sais que ce n’est pas là une pensée universelle. La preuve : les poètes sont poursuivis et chassés dans de nombreux endroits.
mercredi 11 février 2009
CHRISTIAN BOBIN
Le jour de l'enterrement de sa mère, C. a été piquée par une abeille. Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la maison familiale. J'ai vu C. dans l'infini de ses quatre ans, être d'abord surprise par la douleur de la piqûre puis, juste avant de pleurer, chercher avidement des yeux, parmi tous ceux qui étaient là, celle qui la consolait depuis toujours, et arrêter brutalement cette recherche, ayant soudain tout compris de l'absence et de la mort. Cette scène, qui n'a duré que quelques secondes, est la plus poignante que j'aie jamais vue. Il y a une heure où, pour chacun de nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire. C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble.
Texte : Christian Bobin (extrait de "Ressusciter")
Photo : Egon Kragel
Texte : Christian Bobin (extrait de "Ressusciter")
Photo : Egon Kragel
lundi 9 février 2009
UNE NUIT
Et le ciel, comme une fumée brune, bouscule l'ordre des montagnes.
Çà et là, la réplique inattendue d'un arbre.
Et une herbe qu'un rai de lune cisèle comme une rose de vitrail.
Aucune promesse jusqu'au matin.
L'ombre d'un oiseau de proie, trempée d'une encre d'or,
éclabousse les étoiles.
Les jours de temps clair, le ciel bat dans le vent comme un vêtement sans tache.
Çà et là, la réplique inattendue d'un arbre.
Et une herbe qu'un rai de lune cisèle comme une rose de vitrail.
Aucune promesse jusqu'au matin.
L'ombre d'un oiseau de proie, trempée d'une encre d'or,
éclabousse les étoiles.
Les jours de temps clair, le ciel bat dans le vent comme un vêtement sans tache.
Texte et photo : Egon Kragel
dimanche 8 février 2009
IL NEIGE
samedi 7 février 2009
NOUS SOMMES DANS LA FORÊT ( à Philippe )
Juste avant de sortir, tu écrivais : "Nous sommes dans la forêt." Pour rassurer la maison vide. Pour que ta mère, remontant le sentier, puisse penser : "Tout va bien. Ils sont en promenade."
Tu écrivais : "Nous sommes dans la forêt." Je regardais ta main si pâle, épuisée, anticipant pourtant le rang d'aubépines, les orties rousses. Et la terre sous les pins, rouge, brillante d'un éclat africain.
J'ai gardé le papier.
Je le déplie parfois.
"Nous sommes dans la forêt."
Tu dors, tranquille, à quelques pas de là, dans ce cimetière du bord de l'eau.
Je serre de toutes mes forces ton papier dans ma main.
Je marche toujours parmi les arbres.
"Nous sommes dans la forêt."
Il n'y a plus que moi.
Texte et Photo : Egon Kragel
vendredi 6 février 2009
IL FAUT L'ORAGE...
Il faut l'orage, la pierre sèche, le soir qui tombe. Et le ciel qui, là-haut, a froissé ses pudeurs.
Il faut l'obscurité, la mer tavelé d'or, la ville - comme un guerrier -, qui déploie son ardeur.
Il faut un peu de toi pour comprendre l'hiver, le frisson. Et le printemps chaussé de feutre qui doucement revient...
J'ai écrit nos deux noms, oubliant ma prudence, sur l'écume d'une vague.
Un instant de bonheur...
Texte et photo : Egon Kragel
STARSAILOR - INTERVIEW (11 octobre 2005)
Dans le ciel anglais de Wigan, quelque part entre Manchester et Liverpool, brille une constellation rock, à la fois vibrante, ardente et mélancolique. Portée par la voix virtuose de son leader – James Walsh - cette supernova, entre caresses acoustiques et riffs teigneux, ne cesse de nous charmer. On retiendra de Starsailor ses minutieux envols et son lyrisme flammé d'or, de pourpre...
Egon Kragel : À force de chanter sur toutes les scènes du monde : « Le silence est plus commode », vous devez haïr les interviews...
James : (rires) C’est vrai que « Silence Is Easy » reste l’un de nos titres phares. Mais rencontrer des journalistes est une étape nécessaire. Ça nous permet de défendre nos créations. Maintenant, il faut savoir nuancer ses paroles. Un proverbe très sage et très ancien dit : « Je ne peux pas t’entendre parce que tu parles trop fort. » À méditer...
Avez-vous une recette particulière pour composer ?
Ben : James trouve généralement une belle ligne de voix mélodique. Nous travaillons ensuite tout autour. C’est cela qui est déterminant pour faire une bonne chanson.
James : Ne me demandez pas d’où me vient tout ça. Je n’en sais fichtrement rien. Ça jaillit parfois spontanément. La seconde étape est toujours un travail collectif. Je pense que nous possédons un instinct assez sûr qui nous prévient lorsqu’une chanson est efficace.
James, comment as-tu commencé à chanter ?
James : Tout jeune, je chantais dans le choeur d’une église. Puis j’ai découvert Oasis et le rock. Mais mon grand choc, ce fut véritablement Jeff Buckley. Et ensuite son père Tim Buckley. Tim me bouleverse tant que parfois j’ai du mal à l’écouter...
Tim et Jeff nous ont hélas quittés. Avec quels musiciens et chanteurs vivants aimeriez-vous travailler ?
Ben : Tom Waits ! J’adore l’éclectisme de ses mélodies et sa façon d’utiliser les percussions.
James : J’adorerai faire un album très « dance music » avec The Chemical Brothers ou Prodigy. Un projet à l’opposé de Starsailor, pour me ressourcer, où ne plus me répéter sans cesse : « Il faut faire un hit ! » Juste me laisser aller, pour le plaisir, librement...
On vous a vu souvent jouer en France... Il semble que vous ayez une relation privilégiée avec notre pays !
Oh oui ! Le public français est très réceptif, très amical. Mais nous aimons également beaucoup voyager. C’est un des principaux luxes de notre métier... Découvrir l’Islande, par exemple, reste une expérience inoubliable. Nous avons donné un concert dans une toute petite salle pleine de jeunes filles hurlantes. Et le lendemain, nous avons pu voir les geysers, les glaciers ! Des moments magiques !
Connaissez-vous des artistes français ?
James : Il y a Air : ils font une musique superbe. Et il y a Jacques Brel que j’ai découvert en Angleterre grâce à Scott Walker.
Ben : Et au fait, que devient Jean-Michel Jarre ?
Vous êtes les tous derniers artistes à avoir été produits par Phil Spector. À cette occasion, la presse a beaucoup parlé de vous...
Notre collaboration – dans le cadre de notre deuxième album – avait plutôt bien commencé. Tout d’abord, Phil Spector a produit deux de nos titres de façon plutôt efficace. Puis soudain, tout s’est dégradé. On ne pouvait plus communiquer avec lui. Spector est devenu autiste, totalement incohérent. Il n’y a jamais eu d’affrontement entre nous. Il était à la fois là mais totalement absent. Et puis a éclaté ce drame...
James, est-ce que le fait d’être papa a inspiré certaines de tes chansons ?
James : Quand mon amie est tombée enceinte, j’ai immédiatement écrit deux titres : « Born Again » et « Telling Them ». C’est définitivement une source d’inspiration. Mais c’est une expérience très subtile, très intime. Disons qu’avant je pensais mon avenir à l’intérieur d’un groupe de musiciens : nous étions quatre ! Depuis la naissance de ma fille, je me définirai davantage à l’intérieur d’un groupe familial de trois personnes.
Vous avez composé une chanson bouleversante intitulée « Jeremiah »...
James : Elle est inspirée par un fait-divers réel tragique. C’est notre hommage à Jeremiah Duggan, un étudiant anglais de 22 ans qui s’est fait assassiner en Allemagne par un groupe d’extrême droite. On a retrouvé son corps sur l’autoroute de Wiesbaden, en 2003. Trois voitures l’ont heurté et lui ont roulé dessus.
Où avez-vous enregistré votre album : « On The Outside » ?
Nous avons choisi Los Angeles. C’est là que Rob Schnapf, le producteur, possède son studio. Il a des tonnes d’équipement. Et puis tout ce soleil nous a galvanisé. Juste à côté, enregistraient Stevie Wonder… et Britney Spears ! C’était marrant d’apercevoir des paparazzis perchés dans les arbres ! Ce fut une expérience très drôle ! Et c’est la première fois que nous étions si relax.
Vous avez même joué au foot avec Robbie Williams !
On adore le foot ! Là on vient de voir jouer le PSG ! On soutient la France. Normal. C’est un peu grâce au fait que « Four To The Floor », notre précédent single, ait été n° 1 chez vous, qu’on a pu faire cet album dans d’excellentes conditions !
© Egon Kragel 2005 - Ne pas utiliser sans autorisation.
Egon Kragel : À force de chanter sur toutes les scènes du monde : « Le silence est plus commode », vous devez haïr les interviews...
James : (rires) C’est vrai que « Silence Is Easy » reste l’un de nos titres phares. Mais rencontrer des journalistes est une étape nécessaire. Ça nous permet de défendre nos créations. Maintenant, il faut savoir nuancer ses paroles. Un proverbe très sage et très ancien dit : « Je ne peux pas t’entendre parce que tu parles trop fort. » À méditer...
Avez-vous une recette particulière pour composer ?
Ben : James trouve généralement une belle ligne de voix mélodique. Nous travaillons ensuite tout autour. C’est cela qui est déterminant pour faire une bonne chanson.
James : Ne me demandez pas d’où me vient tout ça. Je n’en sais fichtrement rien. Ça jaillit parfois spontanément. La seconde étape est toujours un travail collectif. Je pense que nous possédons un instinct assez sûr qui nous prévient lorsqu’une chanson est efficace.
James, comment as-tu commencé à chanter ?
James : Tout jeune, je chantais dans le choeur d’une église. Puis j’ai découvert Oasis et le rock. Mais mon grand choc, ce fut véritablement Jeff Buckley. Et ensuite son père Tim Buckley. Tim me bouleverse tant que parfois j’ai du mal à l’écouter...
Tim et Jeff nous ont hélas quittés. Avec quels musiciens et chanteurs vivants aimeriez-vous travailler ?
Ben : Tom Waits ! J’adore l’éclectisme de ses mélodies et sa façon d’utiliser les percussions.
James : J’adorerai faire un album très « dance music » avec The Chemical Brothers ou Prodigy. Un projet à l’opposé de Starsailor, pour me ressourcer, où ne plus me répéter sans cesse : « Il faut faire un hit ! » Juste me laisser aller, pour le plaisir, librement...
On vous a vu souvent jouer en France... Il semble que vous ayez une relation privilégiée avec notre pays !
Oh oui ! Le public français est très réceptif, très amical. Mais nous aimons également beaucoup voyager. C’est un des principaux luxes de notre métier... Découvrir l’Islande, par exemple, reste une expérience inoubliable. Nous avons donné un concert dans une toute petite salle pleine de jeunes filles hurlantes. Et le lendemain, nous avons pu voir les geysers, les glaciers ! Des moments magiques !
Connaissez-vous des artistes français ?
James : Il y a Air : ils font une musique superbe. Et il y a Jacques Brel que j’ai découvert en Angleterre grâce à Scott Walker.
Ben : Et au fait, que devient Jean-Michel Jarre ?
Vous êtes les tous derniers artistes à avoir été produits par Phil Spector. À cette occasion, la presse a beaucoup parlé de vous...
Notre collaboration – dans le cadre de notre deuxième album – avait plutôt bien commencé. Tout d’abord, Phil Spector a produit deux de nos titres de façon plutôt efficace. Puis soudain, tout s’est dégradé. On ne pouvait plus communiquer avec lui. Spector est devenu autiste, totalement incohérent. Il n’y a jamais eu d’affrontement entre nous. Il était à la fois là mais totalement absent. Et puis a éclaté ce drame...
James, est-ce que le fait d’être papa a inspiré certaines de tes chansons ?
James : Quand mon amie est tombée enceinte, j’ai immédiatement écrit deux titres : « Born Again » et « Telling Them ». C’est définitivement une source d’inspiration. Mais c’est une expérience très subtile, très intime. Disons qu’avant je pensais mon avenir à l’intérieur d’un groupe de musiciens : nous étions quatre ! Depuis la naissance de ma fille, je me définirai davantage à l’intérieur d’un groupe familial de trois personnes.
Vous avez composé une chanson bouleversante intitulée « Jeremiah »...
James : Elle est inspirée par un fait-divers réel tragique. C’est notre hommage à Jeremiah Duggan, un étudiant anglais de 22 ans qui s’est fait assassiner en Allemagne par un groupe d’extrême droite. On a retrouvé son corps sur l’autoroute de Wiesbaden, en 2003. Trois voitures l’ont heurté et lui ont roulé dessus.
Où avez-vous enregistré votre album : « On The Outside » ?
Nous avons choisi Los Angeles. C’est là que Rob Schnapf, le producteur, possède son studio. Il a des tonnes d’équipement. Et puis tout ce soleil nous a galvanisé. Juste à côté, enregistraient Stevie Wonder… et Britney Spears ! C’était marrant d’apercevoir des paparazzis perchés dans les arbres ! Ce fut une expérience très drôle ! Et c’est la première fois que nous étions si relax.
Vous avez même joué au foot avec Robbie Williams !
On adore le foot ! Là on vient de voir jouer le PSG ! On soutient la France. Normal. C’est un peu grâce au fait que « Four To The Floor », notre précédent single, ait été n° 1 chez vous, qu’on a pu faire cet album dans d’excellentes conditions !
© Egon Kragel 2005 - Ne pas utiliser sans autorisation.
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