vendredi 6 février 2009

STARSAILOR - INTERVIEW (11 octobre 2005)

Dans le ciel anglais de Wigan, quelque part entre Manchester et Liverpool, brille une constellation rock, à la fois vibrante, ardente et mélancolique. Portée par la voix virtuose de son leader – James Walsh - cette supernova, entre caresses acoustiques et riffs teigneux, ne cesse de nous charmer. On retiendra de Starsailor ses minutieux envols et son lyrisme flammé d'or, de pourpre...

Egon Kragel : À force de chanter sur toutes les scènes du monde : « Le silence est plus commode », vous devez haïr les interviews...
James : (rires) C’est vrai que « Silence Is Easy » reste l’un de nos titres phares. Mais rencontrer des journalistes est une étape nécessaire. Ça nous permet de défendre nos créations. Maintenant, il faut savoir nuancer ses paroles. Un proverbe très sage et très ancien dit : « Je ne peux pas t’entendre parce que tu parles trop fort. » À méditer...

Avez-vous une recette particulière pour composer ?
Ben : James trouve généralement une belle ligne de voix mélodique. Nous travaillons ensuite tout autour. C’est cela qui est déterminant pour faire une bonne chanson.
James : Ne me demandez pas d’où me vient tout ça. Je n’en sais fichtrement rien. Ça jaillit parfois spontanément. La seconde étape est toujours un travail collectif. Je pense que nous possédons un instinct assez sûr qui nous prévient lorsqu’une chanson est efficace.

James, comment as-tu commencé à chanter ?
James : Tout jeune, je chantais dans le choeur d’une église. Puis j’ai découvert Oasis et le rock. Mais mon grand choc, ce fut véritablement Jeff Buckley. Et ensuite son père Tim Buckley. Tim me bouleverse tant que parfois j’ai du mal à l’écouter...

Tim et Jeff nous ont hélas quittés. Avec quels musiciens et chanteurs vivants aimeriez-vous travailler ?
Ben : Tom Waits ! J’adore l’éclectisme de ses mélodies et sa façon d’utiliser les percussions.
James : J’adorerai faire un album très « dance music » avec The Chemical Brothers ou Prodigy. Un projet à l’opposé de Starsailor, pour me ressourcer, où ne plus me répéter sans cesse : « Il faut faire un hit ! » Juste me laisser aller, pour le plaisir, librement...

On vous a vu souvent jouer en France... Il semble que vous ayez une relation privilégiée avec notre pays !
Oh oui ! Le public français est très réceptif, très amical. Mais nous aimons également beaucoup voyager. C’est un des principaux luxes de notre métier... Découvrir l’Islande, par exemple, reste une expérience inoubliable. Nous avons donné un concert dans une toute petite salle pleine de jeunes filles hurlantes. Et le lendemain, nous avons pu voir les geysers, les glaciers ! Des moments magiques !

Connaissez-vous des artistes français ?
James : Il y a Air : ils font une musique superbe. Et il y a Jacques Brel que j’ai découvert en Angleterre grâce à Scott Walker.
Ben : Et au fait, que devient Jean-Michel Jarre ?

Vous êtes les tous derniers artistes à avoir été produits par Phil Spector. À cette occasion, la presse a beaucoup parlé de vous...
Notre collaboration – dans le cadre de notre deuxième album – avait plutôt bien commencé. Tout d’abord, Phil Spector a produit deux de nos titres de façon plutôt efficace. Puis soudain, tout s’est dégradé. On ne pouvait plus communiquer avec lui. Spector est devenu autiste, totalement incohérent. Il n’y a jamais eu d’affrontement entre nous. Il était à la fois là mais totalement absent. Et puis a éclaté ce drame...

James, est-ce que le fait d’être papa a inspiré certaines de tes chansons ?
James : Quand mon amie est tombée enceinte, j’ai immédiatement écrit deux titres : « Born Again » et « Telling Them ». C’est définitivement une source d’inspiration. Mais c’est une expérience très subtile, très intime. Disons qu’avant je pensais mon avenir à l’intérieur d’un groupe de musiciens : nous étions quatre ! Depuis la naissance de ma fille, je me définirai davantage à l’intérieur d’un groupe familial de trois personnes.

Vous avez composé une chanson bouleversante intitulée « Jeremiah »...
James : Elle est inspirée par un fait-divers réel tragique. C’est notre hommage à Jeremiah Duggan, un étudiant anglais de 22 ans qui s’est fait assassiner en Allemagne par un groupe d’extrême droite. On a retrouvé son corps sur l’autoroute de Wiesbaden, en 2003. Trois voitures l’ont heurté et lui ont roulé dessus.

Où avez-vous enregistré votre album : « On The Outside » ?
Nous avons choisi Los Angeles. C’est là que Rob Schnapf, le producteur, possède son studio. Il a des tonnes d’équipement. Et puis tout ce soleil nous a galvanisé. Juste à côté, enregistraient Stevie Wonder… et Britney Spears ! C’était marrant d’apercevoir des paparazzis perchés dans les arbres ! Ce fut une expérience très drôle ! Et c’est la première fois que nous étions si relax.

Vous avez même joué au foot avec Robbie Williams !
On adore le foot ! Là on vient de voir jouer le PSG ! On soutient la France. Normal. C’est un peu grâce au fait que « Four To The Floor », notre précédent single, ait été n° 1 chez vous, qu’on a pu faire cet album dans d’excellentes conditions !

© Egon Kragel 2005 - Ne pas utiliser sans autorisation.

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