jeudi 26 février 2009

LETTRE A UN PERE MORT de RICHARD SHELTON

Cinq années ont passé depuis que tu es mort et je suis
bien mieux que je ne l’étais de ton vivant.
Ces années n’ont pas été vaines.
J’ai entendu les voix rudes
des oiseaux du désert qui ne savent pas chanter.
Parfois, je touche cette membrane
entre violence et désir
et je la regarde vibrer.
J’ai appris qu’un homme
qui tourne en rond pour voyager
n’arrive jamais vraiment au même endroit.

Si tu pouvais me voir aujourd’hui
côtoyant le triomphe, le désastre,
espérant toujours que tu dises : mon fils, mon fils bien aimé. Si seulement tu pouvais me voir,
tu saurais que j’ai grandi en force.

La mort a été le pire subterfuge que tu aies choisi
mais elle est permanente.
Ne vois-tu pas que les pères
qui ne peuvent pas aimer leurs fils
ont des fils incapables d’aimer ?
Ce n’était pas ta faute
ce n’était pas la mienne. J’avais besoin
de ton amour, mais sans lui je guérirai.
Désormais, je n’ai plus besoin de rien.

Texte : Richard Shelton © 1975
Traduction et photo : Egon Kragel

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